Comment être sûre qu’on a fait le bon choix ? Surtout si on n’a pas étudié toutes les options ? C’est assurément une des questions que je dois me poser le plus souvent dans ma vie. Et pas seulement pour les grandes décisions de la vie genre un appartement ou un boulot, ça c’est normal. Non, cette question, je me la pose aussi quand on est en balade et qu’il est l’heure de manger par exemple. « Et si le resto d’après était la perle rare ? Celui avec une cuisine raffinée, qui ne paie pas de mine, une vue superbe et des serveurs drôles mais discrets ? » « Tu ne le sauras jamais parce que le temps de faire le tour de tous, ils auront fermé la cuisine ! » me répond ma voix rationnelle. Et ce n’est qu’un exemple parmi tant d’autres.
Je crois que le jour de la distribution de perfectionnisme, j’étais au premier rang. (on peut considérer cette phrase vraie puisque je ne suis pas en entretien d’embauche) Il faut que je fasse le meilleur choix, que je saisisse la meilleure occasion, que tout ce que je fasse soit parfait. Ça me pousse tous les jours à faire de mon mieux. C’est peut-être même pour ça que je suis devenue entrepreneure. Je pense que j’en suis capable et je vais tout donner pour réussir. Donc dans l’absolu, en quoi est-ce un problème, me direz-vous ?
Tout simplement parce que : la perfection n’existe pas. (la révélation)
Et courir après un truc qui n’existe pas, même si c’est la perfection, ça revient à partir à la chasse au dahu. Ça va te fatiguer et tu vas rentrer bredouille.
Alors, quand il y a quelques jours, au détour de mes lectures (comprendre « mon scroll de posts à citations sur Insta ») j’ai lu cette phrase, un truc s’est débloqué. Ça disait « Le bon moment, c’est maintenant. » Je ne sais pas si ça vous a déjà fait ça mais, ce mantra débile à faire imprimer sur un mug pour un séminaire de motivation, a tellement résonné en moi que j’ai cru m’être réincarnée en Quasimodo.
Tout ne peut pas être parfait. Pire encore, rien ne peut l’être. Donc autant se lancer, essayer, en faisant de son mieux évidemment, mais y aller. Finalement, c’est un concept que je me suis déjà appliquée puisque par exemple, j’ai commencé à écrire aux yeux du monde (oui vous les 57 lecteurs, vous êtes « le monde », soyez fiers). Bien sûr que ce n’est pas parfait, bien sûr qu’à chaque fois que je retombe sur une ancienne chronique, je vois mille tournures que j’aurais pu améliorer. Mais qu’est ce qui vaut le mieux ? Une chronique modifiée toutes les semaines jusqu’à ce que mon ordi lâche mais que personne ne lira ou une avec quelques défauts, mais qui me ressemble sur le moment et qui est publiée ?
Dans la même veine, on peut parler de cette angoisse de déléguer des tâches à d’autres ? Évidemment, quand tu as ta boîte, tu es perfectionniste. C’est ton nom qui est « en jeu ». Puis, ta boite grandit et tu embauches, avec la ferme intention de confier une partie de ton bébé professionnel à d’autres pour le faire grandir. Et là, c’est le drame. Les gens ne fonctionnent pas comme toi. Il faut apprendre à faire la part des choses entre « c’est moi qui décide, ça doit être fait comme ça » et « ho, je n’aurais pas fait ça mais c’est pas mal, ça donne aussi un bon résultat ». Il faut lâcher prise donc. Et ça, quand tu fais partie du club des 57 (cf plus haut sur « le monde »), tu sais que ce n’est pas ma tasse de thé. Mais j’y travaille.
Donc là, en cette rentrée où j’attends de recevoir mon mug imprimé, je décide que « le bon moment, c’est maintenant ». Toutes ces petites choses sur lesquelles je procrastine depuis si longtemps (hello les joints de la salle de bain) ne vont pas comprendre ce qu’il va leur arriver. Je vais rayer de la to-do list à tout va, je vais être plus productive que si j’avais huit ans dans une usine Nike en banlieue de Pékin, je vais même ranger le tiroir de l’entrée (level 9 de l’échelle de l’anti-procrastination).
Ce ne sera peut-être pas parfait. Mais ce sera fait. Et la satisfaction du travail accompli associée à la libération de mon esprit me permettra de fermer les yeux sur le joint de la salle de bain qui déborde de 3 mm sur le mur.
