Chronique du mieux

Cette semaine, je discutais au téléphone avec une copine entrepreneuse qui connait les mêmes galères que tous ceux qui font partie de ce club : l’urssaf, le recrutement (un club pour ceux qui embauchent la GenZ, please ?), les banquiers qui sont si peu doués que même leurs apprentis peuvent mieux répondre à tes questions mais surtout, le fond du problème, la gestion de la croissance. Investir pour gagner plus, oser, prendre des risques ou continuer gentiment, tranquillement, faire attention à tout parce que, comme le disent mes racines « un sou est un sou » ? Après m’avoir raconté qu’elle se levait à 5H le matin parce que ses soucis de taf la réveillaient et donc qu’elle en « profitait » pour aller travailler plus tôt, on en est arrivées à cette grande question philosophique de la PME : doit-on faire plus ou faire mieux ? gagner plus ou vivre mieux ?

Par exemple, si j’avais moins de clients, je pourrais passer plus de temps à faire autre chose, toujours en rapport avec ma vie pro, mais pas du traitement de mails ou ce genre de tâches qui aspirent ton âme. Assister voire donner des conférences, prendre de la hauteur, m’engager dans une vie associative ou mentorer quelqu’un qui en a besoin. Sans parler du fait que si tu as moins de clients, tu as une image plus sélective encore donc ça donne envie de travailler avec toi. Le problème, au-delà de l’aspect financier, étant que, dans l’ensemble, j’aime beaucoup mes clients et les valeurs qu’ils véhiculent donc comment choisir ? Doit-on opter pour la qualité versus la quantité ?

C’est une question que je me pose beaucoup en ce moment, et pas seulement sur l’aspect professionnel de ma vie. Ça va même jusqu’à des choses plus futiles comme la consommation dans sa globalité. Est-ce que je veux m’acheter plein de paires de chaussures qui viennent de chez Gemo (en vrai, je ne crois pas avoir de chaussures de Gemo mais vous voyez l’esprit) ou une seule paire de Manolo ? (Les vrais savent).

Parce que, soyons honnêtes, j’adore être celle qui ne porte jamais la même paire de chaussures deux jours consécutifs. J’aime avoir le choix, j’aime que tout soit assorti jusqu’au dernier détail. Je veux être celle qu’on connait aussi parce qu’elle peut porter des bottines vert métallisé, ce qui évidemment ne peut pas être fait tous les jours au risque de passer pour un sosie du bonhomme cetelem.

Mais si j’aime autant les chaussures, pourquoi ne pas jeter mon dévolu sur la quintessence du stiletto ? Est-ce que ce n’est pas une offense à la grande divinité de la bottine de glisser ses pieds dans des modèles bon marché qui en plus, vont donner des ampoules ? Et puis, si tu as des dizaines de modèles (oh ça va, on n’est pas là pour juger) tu peux te permettre de la fantaisie, de la couleur, de l’extravagance. Alors que si tu as 2 paires qui se battent en duel (peut-on encore parler de « duel » quand il y a 2×2 protagonistes ?), elles doivent aller avec tout donc être simples. La simplicité serait-elle alors le contraire du choix ?

Je conçois l’idée et une partie de mon cerveau a envie de se réfugier dans ce qui semble être plutôt reposant. Tu ouvres ton armoire le matin, tu prends un chemisier blanc, un pantalon noir et des baskets avec une touche de doré (je ne peux pas faire moins) et hop, c’est fait. Idem dans la décoration : si tu enlèves les babioles ramenées de voyage, les cadres photos où tu poses, flou, devant la moitié de la Tour Eiffel, les livres que tu as déjà lus, les plantes que tu vas de toutes façons bientôt assassiner par noyade ou, justement, par privation, imagine le temps que tu vas gagner sur le ménage. Mais où est la vie là-dedans ?

Bref, vous l’avez compris, les voix dans ma tête sont plus dans le débat que si elles se présentaient pour la présidentielle. Le choix versus la facilité ? La qualité versus la quantité ? L’accumulation versus la vie monacale ? Toutes ont leurs arguments et elles gagnent chacune leur tour. Donc ne vous étonnez pas si un jour vous me croisez tout de noir & blanc vêtue mais avec des chaussures jaunes que vous n’auriez jamais portées, c’est que je cherche encore la réponse !

C’est sûr que quand tu optes pour la simplicité, les choix sont moins difficiles.

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