Chronique assistée

Depuis quand avons-nous besoin d’autant d’assistance ? 

Il y a quelques jours, quand la canicule battait son plein, on a eu droit dans le train à « Pensez à boire de l’eau ». Vraiment ? Heureusement que tu es là, petite voix de la SNCF, je me disais bien qu’il y avait quelque chose à faire mais je ne trouvais pas.

Ne nous méprenons pas, je comprends l’idée et dans le fond, je préfère ça à « Soyez vigilants, des pickpockets circulent dans la rame ». Petit aparté : cette phrase m’a toujours rendue dingue. Comment ça « soyez vigilants » ??? Ben non en fait, j’ai le droit de rêvasser, j’ai le droit d’avoir mon sac grand ouvert et mon téléphone déverrouillé si je veux, j’ai le droit de me sentir sereine, ce n’est pas à moi de faire attention, c’est aux pickpockets de ne pas pickpocker ! Tout le débat de la culpabilisation des victimes pourrait commencer avec cette phrase mais ce sera le sujet d’une prochaine fois.

Pour revenir à celui-ci, je trouve ça évidemment une bonne chose de se préoccuper des autres, de faire attention et de prévenir mais franchement, être attentif ne devrait pas être synonyme de « je te prends pour un jambon ». Aider les gens, oui, les abrutir, non. Mais j’ai parfois l’impression que plus on a de l’aide sur des choses futiles, plus on va en avoir besoin. Il n’y a qu’à regarder, par exemple, des applis qui sont censées t’aider à mieux consommer. (je ne vais pas les citer, je ne suis pas encore une influenceuse rémunérée. Mais qui sait ? Bientôt la villa à Dubai ? Croisez les doigts pour moi la commu !) Dans le fond, le principe est génial : on t’accompagne pour mieux décrypter le contenu de ton caddie et donc mieux comprendre pourquoi ta balance ne fait qu’être désagréable. Mais à quel moment tu as besoin de scanner ta bouteille de Puget (partenariat rémunéré ? vous ne le saurez peut-être jamais) pour te rendre compte que l’huile c’est gras ? Qu’on se pose la question devant un plat préparé de légumes emballé dans du carton recyclable pour bien noyer le poisson, je ne dis pas mais il y a quand même quelques évidences dont tu peux te rendre compte par toi-même. 

Mais c’est comme ça, plus on a d’aide (par des outils ou par des humains), moins on a envie de se débrouiller seul, c’est normal. Autre exemple : cette semaine, alors que je suis sagement connectée à ma visio pour mon rdv client, celui-ci n’arrive pas. J’attends un peu (on sait que je suis toujours en avance) mais rien. Alors, je l’appelle et il me répond qu’il n’a pas de trace de ce rdv dans son agenda. Et pour cause, je ne lui ai pas envoyé d’invitation électronique. Quand on a fixé le rdv quelques semaines plus tôt par téléphone, moi, j’ai noté la date consciencieusement dans mon agenda mais lui a eu autre chose à faire, est passé au coup de fil suivant et m’a donc juste oubliée. Au-delà du coup de canif dans mon égo (si c’était vrai, je ne ferais pas le métier que je fais…), je me suis mise à penser que je ne pouvais pas le blâmer. Il a l’habitude de recevoir des invitations, il a mille choses à penser et des outils pour l’aider donc il se libère du cerveau comme il peut. Et c’est tombé sur moi. 

Mais dans le fond, j’aimerais qu’on n’ait pas autant besoin d’assistance. Qu’on sache se débrouiller. 

(Deuxième aparté. Qu’on soit très clair : si tu penses que cette chronique va virer vers la droite, voire extrêmement vers la droite, tu peux rebrousser chemin, quitter cette page et demander le remboursement de ton abonnement à Valeurs Actuelles pour aller t’acheter un peu d’humanité.

J’aimerais qu’on sache se débrouiller seul, parce que ça voudrait dire que notre vie est parfaitement adaptée aux capacités de chacun. A partir du moment où tu as besoin d’assistance, c’est qu’il y a quelque chose de trop (ou de manquant) pour toi et ça ne devrait pas être ça, la vie. On devrait pouvoir comprendre que l’assistance c’est pour les moments où tu n’y arrives plus et donc qu’elle est fondamentale. Que quelqu’un qui crie à l’aide doit être secouru au plus vite. Et qu’en tant qu’humanité, c’est notre devoir de tout faire pour cette personne. (oui parfois, j’ai un côté Bisounours communiste) 

Simplement, je me dis que toute cette assistance à laquelle on a « droit », elle est là pour cacher celle dont on a vraiment besoin. Cette assistance de « buvez de l’eau quand il fait chaud » et des messages sur les pubs de voiture pour dire qu’il faut prendre les transports, c’est d’une hypocrisie totale. La vraie assistance, c’est celle qu’on offre sincèrement et pas pour se faire de la pub. Me faire croire que je suis assez débile pour ne pas me dire que je dois boire quand il fait chaud, ce n’est pas m’aider, c’est m’enfoncer. 

Donc, petites recommandations pour finir : ne laissez personne vous prendre pour un demeuré, prenez soin de vous, demandez de l’aide quand c’est trop pour vous et évidemment, afin de vous sentir mieux encore dans votre vie, n’oubliez pas de vous abonner pour ne rater aucune autre chronique. (ben quoi, c’est aussi pour votre bien-être que j’écris !) 

Il fait chaud, buvez de l’eau.

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