Injustice chronique

L’idée de cette chronique a émergé dans ma tête un matin de cette semaine à très exactement 5h12. Après que le Mâle et moi ayons été réveillés en même temps par un bruit dans la rue, lui a grommelé, s’est retourné et s’est rendormi. Moi, j’ai, donc, vu cette chronique s’écrire seule dans ma tête après m’être offusquée de cette injustice flagrante de la part de Morphée. Moi aussi, chère Madame, je serais ravie de retomber dans tes bras. Mais que nenni ! Je me suis alors mise à penser à toutes ces autres injustices qui peuplent notre quotidien.

Bien entendu, je ne vais parler que de ces petites injustices de rien du tout sans aucune conséquence sur ma vie. Je suis bien consciente que je suis du bon côté la plupart du temps : je suis née en France et pas dans un pays du tiers-monde et/ou en guerre, j’ai grandi dans une famille aimante qui avait de quoi subvenir à mes besoins mais aussi à mes envies, j’ai pu faire des études et choisir de quoi serait fait mon avenir, je n’ai pas une santé à creuser le trou de la sécu et j’ai une couleur de peau qui, si elle ne me permet pas de rester en terrasse trop longtemps de peur de partir en auto-combustion, ne m’a jamais empêchée d’avoir un appartement ou un boulot. J’ai largement de la chance et je le sais. C’est d’ailleurs parce que tout le reste de ma vie est très cool que j’ai le loisir de me pencher sur ces broutilles.

Le sommeil et le roulé-boulé en ronflouillant, c’est fait. Mais s’il n’y avait que ça ! Vous êtes-vous déjà simplement arrêté de danser en boîte pour regarder les gens ? Moi, à l’époque où j’y allais encore, je l’ai fait. Et je me suis regardée aussi. Comment se fait-il que des gens soient tellement à l’aise qu’on dirait qu’ils dansent toute leur vie, même pour attraper un métro et que d’autres (dans lesquels je m’inclus) aient l’air d’être la barre de ce même métro ? Globalement, on a normalement tous le même nombre d’articulations. Pourtant, il y en a qui, de façon très naturelle en plus, vont te donner l’impression d’être devant Arte la nuit et d’autres qui vont te faire mal rien qu’à les regarder. Et encore, ça c’est en supposant que tout le monde a au moins le sens du rythme. Là aussi, je suis bien placée pour savoir que ce n’est pas le cas. (D’ailleurs, a-t-on déjà vu un bon danseur sans sens du rythme ?)

En réfléchissant, je pense que cette injustice peut se retrouver dans tous les domaines artistiques. Par exemple, si Le Petit Prince m’avait demandé à moi de lui dessiner un mouton, le livre aurait eu beaucoup moins de pages (et de succès !). Il suffit de trainer un peu sur Instagram pour voir que la photo et l’œil nécessaire pour cela n’étaient pas inclus dans les options de base à la naissance. Bien sûr, comme pour tout art, il y a la subjectivité qui rentre en compte mais il y a certains clichés qui peuvent mettre tout le monde d’accord et pas au bénéfice de « l’artiste ».  Pareil si on se tourne du côté de la cuisine. J’ai beau avoir plusieurs livres de Cyril Lignac et un tableau Pinterest « Recettes », je suis bien consciente qu’il ne vaut mieux pas que je me lance dans une activité de table d’hôtes à la retraite, ou alors, il faudra que j’ai bien épargné avant…

Même quand ce n’est pas de l’art à proprement parler mais juste une histoire de « bon goût », on peut avoir des surprises. Il y a des gens qui ne savent, par exemple, pas du tout s’habiller. Je ne parle pas de mode mais vraiment de gens qui n’ont aucune idée de ce qu’ils font quand ils sont devant leur armoire le matin. Peut-être qu’ils n’aiment pas ça, peut-être qu’ils s’en foutent (et peut-être qu’ils ont raison). J’ai une théorie là-dessus d’ailleurs. Je pense que le naturisme et le nudisme (j’ai appris récemment que ce sont 2 écoles différentes – bien que naturistes et nudistes doivent tous être bien embêtés quand ils ont à ranger leur portable et leurs clefs une fois sortis de chez eux) ont été inventés par des gens qui s’étaient rendus compte qu’ils ne savaient pas y faire quand il s’agissait d’associer un pull et un jean. Alors, hop, ni une ni deux, ils ont tout viré et fini les complexes.

Bien sûr, vivre nu peut faire venir d’autres complexes. Ce qui m’amène à la dernière injustice à laquelle j’ai pu réfléchir juste avant de me rendormir (environ 17 minutes avant mon réveil) : le sport. Au-delà de ce que ça peut faire sur le physique de ceux qui pratiquent ou pas, il y a une vraie question de prouesses. Pourquoi, quand moi je cours, je ne peux pas faire plus de 3Km sans qu’on ait l’impression que je suis un ballon de baudruche rouge qui peut, à tout moment, éclater, alors que certains se font leurs 10Km hebdos en papotant avec leurs copains, comme ça, l’air de rien ? Bien sûr, il y a une question d’entraînement mais ça ne donne pas toutes les réponses. Je n’estime pas être une grande sportive mais je sais que je tiens un cours de body-combat d’une heure sans trop forcer. De l’entraînement, j’en ai. Mais dès qu’on parle de course, je suis essoufflée d’avance. Qui peut m’expliquer ce qui a été donné à Usain Bolt qu’on aurait oublié de mettre dans mon starter pack ?

Avec un peu de chance, je vais me refaire réveiller par un gogol dans ma rue prochainement et j’aurai alors la réponse. Je vous tiens au courant !

Hey, tu dors ?

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