Chronique pleine d’espoir

J’ai remarqué cette semaine que j’étais plutôt de la team « pleine d’espoir ». Pourtant, j’ai longtemps cru que j’étais de l’autre côté : « pessimiste » diront certains, « réaliste » diront les pessimistes. Quand un projet se monte, j’adore jouer l’avocate du diable, pas parce que j’ai dévoré Suits et Ally McBeal mais plutôt parce que je peux laisser s’exprimer ma vraie nature en argumentant en plus que c’est vraiment pour le bien du groupe. Ça doit être pour ça que dans les films et les séries, je suis toujours beaucoup plus fascinée par le méchant que par le héros. Bref, je me complaisais dans cet océan de cynisme quand soudain, la lumière fut. J’ai en moi bien plus d’espoir que je ne le pensais. Et ça passe par des petites choses comme des choix cruciaux de ma vie d’adulte.

L’épiphanie a surgi au moment de mon renouvellement de brosse à dents (je vous avais prévenus). Chez moi, une brosse à dents qui dépasse les 4 semaines d’utilisation mérite sa photo sur le hall of fame de ma salle de bains. Je ne sais pas pourquoi mais elles finissent toutes, très rapidement, hirsutes et moyennement efficaces. C’est d’ailleurs pour ça que je n’ai jamais compris pourquoi il fallait dire aux gens de changer au moins tous les 3 mois. Si je gardais une brosse à dents 3 mois, je finirais avec le manche. Bref, je pioche dans mon stock ma nouvelle brosse à dents et là, comme à chaque fois en fait, il y a cette petite voix dans mon cerveau qui se dit « celle-ci, je la sens bien, elle va avoir une vie plus longue qu’une mouche. » Alors, déjà, pourquoi ? Pourquoi j’aurais besoin de faire tenir mes brosses à dents plus longtemps ? Au contraire, ça va plutôt dans le sens d’une bonne hygiène dentaire. Mais surtout, pourquoi, alors que j’ai plus de 35 ans et que j’ai donc dû utiliser près de 500 brosses à dents dans ma vie, pourquoi j’aurais enfin dégoté THE ONE ?

J’ai donc commencé à regarder dans ma vie quotidienne comment cette attitude digne d’une working-girl épuisée par la grande ville, qui retourne dans son village natal à Noël pour trouver l’homme et le sens de sa vie, impactait tout ce que je peux faire. J’ai parlé des brosses à dents mais je crois que ça touche tout ce que j’achète de neuf : « ce stylo-là, je ne le mordillerai pas », « ce carnet-là, je vais le tenir bien au propre et je vais m’appliquer pour écrire », « cette voiture-là, je vais aller passer l’aspirateur chaque mois et prendre un abonnement chez Éléphant bleu »… A chaque fois, je pars pleine d’espoir mais surtout avec un furieux déni de qui je suis vraiment : un bull-dog pour les stylos, un médecin pour les carnets et une piétonne pour les voitures.

Remarque, c’est un peu pareil dans mon travail. Si je résume, je fais en sorte que les médias parlent de mes clients dans leurs articles. Pour ça, j’ai plein de techniques mais une des principales consiste à leur envoyer un communiqué de presse. Et bien, j’ai beau faire ça depuis près de 15 ans, à chaque communiqué envoyé, il y a Stacey (la working-girl du téléfilm de Noël) qui enfile son uniforme de cheerleader (évidemment qu’elle en faisait partie, c’est d’ailleurs à ce moment-là qu’elle sortait avec le quarterback) pour me dire « celui-ci, tu vas voir, c’est sûr, il va être repris partout ». En occultant parfaitement le fait que les médias ne sont pas extensibles, que nous sommes plusieurs centaines à envoyer des communiqués aux mêmes personnes et qu’il y a aussi une logique de marché.

Ça marche aussi quand je me remets dans le mood « allez, on va à la salle de sport 2 fois par semaine ». Bien sûr que si je me remotive, ce n’est pas seulement pour le plaisir de me voir dans le miroir, transpirante, à confondre les pas de la chorégraphie que le prof de step pense avoir créé pour Moulin Rouge. J’imagine, à chaque fois, que ça me rapproche du corps de sirène que je veux arborer sur la plage.

Et finalement, n’est-ce pas à cela que ça sert ?

Si je suis très objective, voire « réaliste », je sais que cette brosse à dents, ce stylo, ce cahier, ce communiqué, ce fessier finiront comme ils ont toujours fini. Mais si je me dis ça, tout est perdu d’avance. Autant ne plus jamais se faire le plaisir d’une virée dans une papèterie (si vous ne comprenez pas de quoi je parle, on a moins en commun que ce je pensais), autant complètement arrêter d’écrire des communiqués, autant s’affaler dans le canapé et enregistrer le mot de passe de son compte Deliveroo. Sans espoir et un peu d’insouciance (voire d’inconscience diraient les vrais pessimistes), me serais-je associée pour fonder une entreprise il y a plus de 10 ans ? Aurais-je même lancé ce blog ? Donc merci Stacey de ta présence, c’est vrai que tu m’aides souvent. Je te promets de te traiter un peu mieux. (Mais hors de question que je me fasse un balayage et que je porte des leggings avec des huggs )

La vraie question maintenant, c’est comment vais-je faire pour continuer à jouer l’avocate du diable ?

Mon côté cynique qui attend que Stacey se manifeste.

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