Jugement chronique

Il y a quelques jours, le Mâle et moi avons fini de regarder Friends (enfin, lui il a regardé, moi, j’ai re-re-re-re..regardé Friends). Série culte pour moi, avec des personnages que j’ai été triste de quitter à la fin (comme à chaque fois), je l’ai quand même regardée d’un autre oeil cette fois-ci. Je n’avais qu’une envie : que le Mâle rie et aime autant que moi. Mais pourquoi ? Pourquoi cette nécessité de se faire valider ? Finalement, cette série, je l’adore, elle me fait toujours autant rire après X rediffusions, en français ou en VO, et Chandler restera mon préféré. Donc pourquoi accorder autant d’importance à l’avis d’une autre personne, qui, par définition, n’a pas la même perception que toi ? (Oui, toute cette réflexion est partie de la discussion sur le préféré de la série…)

Il y a évidemment plein d’autres moments où tu sens que ce n’est pas toi qui décides mais le sourcil relevé d’un proche. Quand tu as besoin que les portes des placards soient bien fermées avant de te coucher et que, visiblement, ce n’est pas un pré-requis à une bonne nuit de sommeil pour tout le monde. Ou quand tu attends la fin du générique pour manger… 😉

Au delà des petites bizarreries propres à chacun, tu te rends compte que le regard des autres et le jugement qui va avec influent énormément sur ta perception personnelle. Le matin, si tu te concoctes un bon petit style, il ne te plaira jamais autant que quand ton acolyte professionnelle te dit qu’elle te trouve canon aujourd’hui. (Ce à quoi il faut normalement répondre : Quoi ? Ce vieux truc ? Je l’ai mis vite fait, j’étais en retard ce matin… ) Tu sors de chez le coiffeur, enfin, et tu adores ta nouvelle couleur mais tu appréhendes un peu la tête que va faire le Mâle à qui tu avais omis de parler de ce changement capillaire…

Et encore, quand c’est un proche, ça peut se comprendre. Les gens à qui tu tiens, tu as envie de leur plaire, d’être à la hauteur. D’où les quelques jours que j’ai mis avant de dire à mes parents que derrière le nouveau compte Instagram abonné au leur, il y avait … moi.

Mais ce jugement que l’on subit un peu tout le temps, il vient aussi des Autres, avec un grand A. Peut-être parce que tu te dis que les Autres sont complètement objectifs, les sentiments n’existent pas, reste le simple jugement. Et ça peut faire plaisir : dédicace à toi, la dame du RER, qui a fait demi-tour pour me dire que mes chaussures étaient superbes !

Mais ça peut aussi être plus violent. Comme ce jour où l’univers s’était ligué contre moi. J’arrive à cet entretien d’embauche pour un poste fait pour moi et pour lequel j’avais quasiment eu un accord de principe. En arrivant sur place, quand je vois que la big boss n’est pas là mais qu’elle a envoyé son sous-fifre, je comprends que je vais devoir réactualiser mon compte Pôle Emploi. Je sors de là, je devais aller chercher un papier officiel dans je ne sais plus quelle institution, j’arrive devant : fermé ! Donc je repars, aussi enthousiaste qu’un naturiste en pleine Fashion Week, et je me fais bousculer par un vieux dans le métro qui me crie – devant toute la rame – « Grooooos Cuuuuul » ! (oui il a insisté sur les voyelles) 1 er énoOOrme jugement qui ne devrait pas me toucher, vu que je n’ai aucune idée de qui est ce vieux raisin sec et que, même sans être Kate Moss, je n’ai pas un Gros Cul ! Mais l’univers étant mal luné ce jour-là, il m’a aussi fait faux-bond quand j’ai voulu rétorquer et que la seule chose qui me soit venue à l’esprit c’est : « Dites donc, c’est pas très très gentil ça ! » . Je crois que le regard de jugement que tous les autres passagers ont porté sur moi à ce moment-là était encore plus lourd que l’insulte… Mais le rire de ma soeur à chaque fois que je raconte cette histoire valait bien la peine !

En plus, j’ai la chance d’être plutôt dans ce qu’on appelle maladroitement « la norme ». Les quelques jugements que je peux subir ne vont pas m’empêcher de louer un appart ou trouver un job donc je n’ose pas imaginer ce qu’on peut ressentir dans ces cas-là. Pour moi, ces jugements vont juste intensifier un complexe sur un bourrelet récalcitrant ou sur la taille de mon nez. Rien de comparable…

Bref, je n’ai pas envie d’enfoncer une porte ouverte (déjà, parce que je ne voudrais pas me faire mal). Mais redisons-le une bonne fois pour toutes : on ne fait pas aux autres ce qu’on n’aimerait pas subir et surtout on ne donne pas d’importance trop grande aux avis des autres ou de Cristina Cordula.

Sur ce, je vous laisse, je retourne en terrasse regarder les gens passer avec ma mère. 😉

5 commentaires sur « Jugement chronique »

  1. Ahah, ne me juge pas, mais je n’ai jamais regardé Friends en entier, quelques épisodes ici et là ! Bref, tout ça pour dire que oui, un gros cul (considéré comme tel), n’empêchera pas forcément d’accéder à un poste, comparé à d’autres caractéristiques qui ne peuvent être gommées en salle de gym (si on en éprouve l’envie ou le besoin). Il serait donc temps en 2020, qu’au-delà de juger nos différences, qu’on les accueille et qu’on les célèbre. Au final, on est tous des humains avec une tête, des os, des organes, une peau, et un derrière !!! Oui, on peut rêver qu’un jour, on sera tous égaux, pour de vrai 🙂 (oui, les portes ouvertes, ça fait mal 🙂 )

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  2. de toute façon, vaut mieux avoir un gros cul, c’est plus confortable pour s’asseoir… 😉
    J’adore aussi Friends même si mon perso préféré est Ross, eh oui désolée mais je ne peux pas ne pas attribuer cette place de number one à un mec qui reste coincé dans son pantalon de cuir ! Cela dit, Chandler le talonne de très près en 2e position ! 🙂

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