Tout est parti d’une réflexion entendue le week-end dernier. Quand j’ai annoncé que ma première semaine de vacances – en solo pour des raisons logistiques – se déroulerait à base de musées et de cinés avant de prendre un peu la route, à deux cette fois, on m’a dit : « Mais tu vas y aller avec qui ? ». « Avec moi-même » n’avait pas l’air d’être la réponse attendue.
Attention, je ne juge pas, je comprends qu’on ait envie de partager ce genre de choses mais en fait, je crois que moi, j’adore ça être toute seule. Alors, oui, c’est facile à dire puisque, quand j’en ai marre, je retrouve le Mâle, des copines, la famille… je suis très bien entourée donc pas « seule » au sens subi du terme. Non, j’aime être seule pour mieux retrouver des gens après.
Aussi, alors que ces quelques jours de vacances sans départ auraient pu être moroses, je me suis décidée à profiter du coin. C’est vrai, pour des milliers de gens dans le monde, Paris est en haut de la liste des voyages (oui, j’ai aussi une liste pour les voyages) et nous, petites fourmis du métro, on passe notre temps à y courir sans s’arrêter. Alors, je me suis fait un programme de touriste : musées et balades, le ciné était prévu mais j’ai préféré bouquiner sous un arbre au soleil.
Et j’ai adoré ! Tu marches, tu t’arrêtes, tu regardes les gens, tu prends le temps d’un jus de fruit en terrasse juste pour faire partie de ces gens que tu envies le reste de l’année, tu redécouvres des quartiers que tu pensais connaître, tu pars à la conquête d’autres que tu ne fréquentes jamais, tu fais des vraies photos de touriste et d’autres plus « concept » juste pour t’amuser, tu laisses divaguer tes pensées sans personne pour les arrêter – à tel point que tu en arrives à te demander si les pingouins ont des genoux… Bref, tu ne gênes personne et personne ne te gêne.
Dit comme ça, on pourrait penser que je suis aussi sociable qu’un ermite du Péloponnèse mais, non, rassurez-vous, j’adore le monde aussi. Bon, pas au Louvre parce que là, tu as forcément une mamie qui a envie de lire en détail toute la pancarte de l’oeuvre que tu viens regarder et qui se met pile devant toi, avant de chercher ses lunettes dans le fond de son sac bien qu’elles soient sur sa tête… Mais en général, je suis un être social et sociable. Si j’ai toujours besoin d’un moment d’observation pour voir et comprendre où et avec qui je suis, je passe assez rapidement à la phase d’après où je peux facilement rire très fort à toute sorte de blagues. (testez-moi sur les Toto et vous verrez…)
Je crois sincèrement que les autres, s’ils sont bien choisis, sont une véritable source d’inspiration, d’élévation, de joie, de réconfort… Mais j’aime aussi penser que tous ces autres ne doivent pas être nécessaires, ce qui les rendrait obligatoires et pas forcément valorisés. Je n’ai pas envie de fréquenter mes amis parce que sans eux, je me sentirais seule. Non, je veux (et j’ai la chance que ce soit le cas) passer du temps avec des gens que j’ai choisis et pas par dépit, des gens qui me font rire et réfléchir. Et je veux que ce soit réciproque. Je ne veux pas avoir besoin d’eux, je veux avoir envie d’être avec eux. C’est peut-être un détail pour vous (la chanson dans la tête, c’est cadeau 😉 ) mais pour moi, ça…veut dire beaucoup (je pouvais pas faire autrement). Je compte sur moi pour être bien, pour faire ce que j’ai envie de faire, et tout le reste, c’est du bonus que j’adore accumuler.
C’est comme ça que petit à petit, je me suis mise à faire de plus en plus de trucs seule. Le ciné était le plus évident : tu es dans le noir, tu ne peux pas parler (non, on ne parle pas au cinéma, tous ceux qui ne sont pas d’accord peuvent retourner dans leur salon, merci !), on te raconte une histoire qui va jouer sur tes émotions et ton vécu, pas besoin d’être avec qui que ce soit. Et puis, j’ai continué avec les musées : là aussi, tu peux être seule, tu passes le temps que tu veux devant les oeuvres, tu reviens voir celles qui t’ont plu ou au contraire, tu files parce que finalement, l’art moderne ça n’a rien à voir avec l’art contemporain et tu viens de le découvrir… Et enfin, la dernière étape : le restaurant. Pas simple, j’avoue, j’ai mis du temps à le faire. Pourquoi s’asseoir à une table s’il n’y a personne en face ? Parce que tu as faim a longtemps été une réponse que je refusais d’admettre et finalement, on s’y fait. Encore une fois, on s’y fait quand on sait que le prochain resto sera en bonne compagnie.
Le regard des autres peut faire un peu peur aussi : on n’a toujours peur de passer pour « une pauvre fille ». Et ne nous mentons pas, on l’a tous déjà pensé une fois en voyant quelqu’un manger seul mais finalement, une fois le nez dans l’assiette, on n’oublie les regards en coin (et on est bien content de ne pas manger en face de ce monsieur qui mâche la bouche ouverte en faisant de gros bruits de mastication – gros problème pour mes oreilles).
Et puis, au moins, quand on apprend à être seul, on n’a plus besoin d’attendre les gens pour rayer des choses sur nos listes. Depuis combien de temps tu cherches quelqu’un qui a envie d’aller au Musée de la Céramique à Sèvres ? Déjà difficile de trouver une personne qui veuille mais si en plus tu dois t’adapter à son emploi du temps, tu n’es pas sorti de l’auberge… (expression que j’essaie de remettre au goût du jour, je vais lancer une pétition) Si tu y vas toute seule, problème résolu, tu le verras enfin (et tu ne passeras pas pour une espèce de fetichiste de la terre cuite…). Pareil pour ce cours de claquettes, de peinture sur bois ou de macramé. Et en plus, tu auras de choses à raconter à tes prochains apéros. Tout bénéf !
Bref, je suis une adepte de moments de « solitude » et j’aimerais trouver un mot qui ne fasse pas aussi triste pour exprimer les bienfaits que j’y attribue. Si tu n’as jamais essayé mais qu’une petite voix au fond de ta tête t’y encourage, fais-le et tu te sentiras fière, j’en suis sûre. C’était le moment « développement personnel » offert par le PMU du quartier.
Sur ce, je vous laisse, je vais prendre mon train : je vais voir une copine à qui je vais raconter ma journée !
