Chronique d’un rythme effréné

Depuis quelques jours, je suis donc en vacances. Et qui dit vacances dit changement de rythme. Mais tous ceux qui me connaissent vous le diront, quand il s’agit de rythme, je ne suis pas la plus douée. Du coup, pour éviter de me dire que je n’ai pas profité, je me suis mise tout de suite dans le bain en commençant avec quelques jours parisiens où j’ai flâné et appris à vivre au diapason avec les touristes.

Puis, entre quelques jours chez mon amie qui met de la magie dans ta vie et un peu plus de temps chez mes parents, j’ai adopté le rythme de la campagne. Et là, le changement n’est pas flagrant, il arrive en pleine face (pour mon plus grand bien).

Ça commence dès le réveil. Qui ne sonne pas, tu te réveilles au son des poules qui se prennent pour des coqs ou des pigeons un peu trop roucouleurs et voyeurs. Et là, alors que tu es fière de ne pas t’être levée si tard, la journée va s’écouler sans que tu ne la voies passer et surtout sans que tu ne fasses rien.

Au petit-déjeuner, déjà. D’habitude, tu avales en vitesse un bout de pain avec du beurre trop dur pour être étalé et un verre de jus de fruits qui traîne avant de courir prendre ton train. Tu es à peine sortie de chez toi que tu as oublié que tu avais mangé. Là, tu descends au petit-déj, et un plateau rempli de 4 sortes de thé et de confitures maison t’attend pour être amené sur une des tables du jardin, au soleil qui se réveille aussi. Tu manges comme si la veille, tu n’avais pas fait un festin déjà, et tu apprécies. Discussions enflammées et mots croisés (fléchés, pardon) sur le thème des comédies musicales te passionnent plus que de raison, mais tu as le temps et tu aimes ça. Tellement que tu ne te rends pas compte que ça fait déjà 2 heures que tu fais face à ton mug vide et qu’il va déjà être le temps de préparer le déjeuner. Certains jours, il fait tellement chaud (ben oui c’est l’été !) que tu t’octroies même un plouf dans la piscine avant de manger.

[C’est dingue comme, en vacances, tu te rapproches de ton tube digestif. Tout ce qui compte vraiment, c’est l’heure de l’apéro et si « les merguez, on les fait ce soir ou demain…? » ]

J’adore cette agitation qui anime chacun avant le déjeuner, que tu sois en famille ou chez des amis qui t’accueillent comme si tu faisais partie de la leur, où tous essaient de faire quelque chose pour aider (alors que l’hôtesse veut remplir son rôle et veut que tu te reposes, comme si couper 3 tomates était aussi harassant que ta journée de rendez-vous habituelle) et où on finit par tous se retrouver autour de la table. Et si tu sais quand le déjeuner commence, tu ne sais pas quand il terminera. Les petits plats ont été mis dans les grands, même pour une salade de concombres du jardin. On a sorti les belles nappes ou les verres qu’on ne sort pas souvent par peur de les casser mais là, on est ensemble et c’est une occasion assez spéciale pour qu’ils voient l’extérieur du placard.

Si ce sont des gens que tu voies rarement, il y a de fortes chances que l’un d’entre eux demande « mais au fait, quelle heure est-il ? » et que tout le monde rie parce qu’il est 16H45 et qu’on n’a pas encore apporté le dessert. Heure indécente pour sortir de table en temps normal mais en vacances, ton rythme te le permet et même te dit que c’est juste une bonne heure pour commencer à profiter de ton « après-midi ».

Quand c’est la famille, c’est différent. La fin du repas de midi sonne l’heure de la sieste. Un peu le sas de décompression de tout le monde, celui qui fait que tu peux faire ce que tu veux avant de retrouver les autres. Si tu te débrouilles bien, tu peux, à ce moment-là, squatter le transat à l’ombre et faire diminuer la pile de livres que tu as transférée de ta table de nuit à ta valise. Mais ça, c’est si tu réussis à esquiver les obstacles : le soleil qui tourne et qui te force à bouger le transat, le livre pas assez passionnant pour gagner le combat sur tes paupières face à un repas un peu trop copieux, et les insectes qui ont veulent te montrer que toi et ta crème solaire avez envahi leur territoire, et qu’ils sont bien décidés à vous en éloigner par tous les moyens.

La fin du temps calme est annoncée par cette phrase que tu ne pensais pas accueillir avec autant de plaisir après tes 5 ans : « tu veux quoi pour le goûter ? » Et quand en plus, tu as le droit aux Figolu qui ont peuplé tes goûters d’enfance, là tu es au summum du kif !

Et là, alors que tu as attendu ça toute la journée comme si tu étais Laure Manaudou, c’est enfin le moment de te baigner. Bouées dans tous les sens, inventions de nages pas forcément efficaces pour rejoindre le rivage, et surtout les rires font que là encore, tu oublies l’heure. Mais heureusement, l’église du village te rappelle à l’ordre (ou ta nièce de 5 ans, qui, en entendant les cloches de 19H crie dans le jardin « c’est l’heure de l’apéro ! », résultat de 2 semaines chez Papi & Mamie).

A peine séchée, tu enfiles ton meilleur paréo pour commencer l’apéro, la meilleure des inventions françaises, et recommencer à boire et manger (un tube digestif sur pattes…). Le dîner n’est pas une révolution dans ta journée et se déroule sur les mêmes temps que le reste de ta journée. Les odeurs de barbecue (on va les faire ce soir finalement les merguez, demain, on fera les sardines) t’ont remise en appétit sans que ton cerveau qui, lui, se rappelle des figolu, des cahuètes et du reste ne réussisse à comprendre comment c’est bien possible.

Tu finis le 14ème repas de la journée en regardant passer les étoiles filantes, à rire tellement fort que ton instinct de fille qui vit en appartement se trouve rebelle de faire autant de bruit à cette heure de la nuit et tu vas te coucher. De tes journées « habituelles », tu n’as eu que le dixième de l’activité normale, ton téléphone affiche fièrement 923 pas et pas seulement parce que tu l’as laissé dans un coin (il ne s’appelle pas Bébé), ton compte Netflix se demande si tu n’as pas oublié ton mot de passe, tu n’as lu que 3 chapitres mais tu es fatiguée et tu te couches encore plus tôt que pendant l’année.

Le rythme a changé et ce n’est pas pour te déplaire. Tu ne pourras pas mettre 14 photos par jour de toutes tes découvertes d’une autre culture sur Instagram (quoique, en cherchant bien, tu es vraiment dans une autre culture) mais tu profites. De vraies vacances, quoi…

Sur ce, je vous laisse, c’est l’heure du marché. Je vais aller me promener avec d’autres Parisiens, en tongs et en chapeau, au milieu des stands de miels et de couteaux en trouvant ça tellement génial que je vais en ramener chez moi. Sans jamais savoir ce que j’en ferai une fois revenue à la vie au rythme habituel…

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