Aujourd’hui est un de ces jours de flemme. Un de ceux où tu sais que tu dois faire des choses, que tu as des délais à tenir, des listes à rayer mais que tu ne veux pas. Au lieu de répondre à ce mail qui te permettrait d’arborer une boite aussi vide que le regard d’un mec de la téléréalité, tu vas divaguer sur des sites de « cyclo-rando » dans toute la France alors que tu ne tiens pas 2 heures sur un vélo sans avoir envie de te faire amputer des fessiers.
Et pourtant, tu en as des choses à faire : dans une semaine, tu pars en vacances, les clients estiment que c’est maintenant qu’ils ont besoin de cet énorme doc que tu pensais rendre tranquillement après tes 3 semaines de glande, ta liste n’en finit pas de s’allonger de petites choses indispensables et pourtant pas très drôles mais tant pis, tu préfères découvrir, comme si tu ne pouvais plus vivre sans le savoir, quel est le lien de parenté entre Theodor et Franklin Roosevelt.
Et comme je suis une listophile, ça n’en finit jamais. Pas seulement sur le pro où je vais écrire sur mon cahier ce que j’ai déjà envoyé par mail il y a deux jours, non, je fais aussi des listes perso. Les courses, bien sûr, ça c’est le niveau 1 de la liste, mais la liste des indispensables pour les vacances, la liste des films j’ai envie d’aller voir au ciné, la liste des expos et musées je vais aller visiter en week-end, la liste des cadeaux je vais pouvoir offrir à mes proches, des listes d’idées business, de livres à lire (en plus de ceux qui sont déjà près de ma table de chevet et que je n’ai pas le temps de lire). Ça me structure, ça m’aide à ne pas perdre de temps (sauf le temps de les faire) et puis parfois, dans ces jours de flemme, ça m’aide à avoir l’air de bosser alors que globalement, ce n’est pas le plus productif de mes moments. (à égalité avec l’attente près de la bouilloire pour que l’eau de mon thé chauffe).
Mais parfois, la flemme est nécessaire. Ton corps dit stop, ou alors, il aime beaucoup Netflix… Et cette flemme, celle qui te fait rester dans ton lit un dimanche matin à regarder pousser tes ongles, celle qui n’a pas d’incidence sur ta vie autre que cette délicieuse impression d’avoir « piqué un moment rien que pour toi », celle-là te permet de savourer autre chose : la non-culpabilité. Parce que c’est vrai que si taper très fort sur les touches de ton clavier pour faire croire que tu es occupée quand tout ce qui t’intéresse c’est l’horoscope de ton signe chinois n’a jamais fait de mal à personne (sauf à ton clavier…), tu as quand même vite tendance à culpabiliser.
Tu es là pour bosser, on attend de toi des résultats ou tout du moins de quoi prouver que tu as tout fait pour. Et au lieu de te faire une tendinite aux phalanges à force de taper des mails à tous tes contacts pour ramener la coupe à la maison, toi tu es là à remonter tellement ton profil facebook que tu y retrouves des statuts où tu parlais de toi à la 3ème personne. (ne mentez pas, on a tous un statut comme : « attend ses résultats de BTS en panique »)
Donc fatalement, tu culpabilises. Et ça peut même arriver dans la vie perso : qui ne s’est jamais dit « bon là faut que je fasse quelque chose de ma journée » un week-end alors que ton corps (et ton cerveau, éteint…) préférait continuer cette rediffusion de tous les Super Nanny. Pourquoi cette pression ? Et pourquoi cette culpabilité ? Glande, tu en as envie et demain, la semaine prochaine ou peut-être jamais, tu la feras cette grande balade à vélo. La flemme, quand elle est passagère bien sûr, n’est pas forcément mauvaise !
Mais je ne sais pas pourquoi, j’ai toujours eu du mal à glander, ce n’est pas dans ma nature. Même en vacances, alors que je ne rêve que de ça toute l’année, dès que je passe plus de 2 jours à ne rien faire d’autre que de lire, dormir et manger (la vraie vie), j’ai l’impression qu’il faut que je bouge, j’en ai besoin. Sinon, je n’aurais pas profité… C’est le chien qui se mord la queue.
Bref, tout ça pour dire que là aussi, il y a plein de voix dans ma tête, que je ne sais jamais sur quel pied danser (il faut dire que j’ai un vrai problème de rythme…) mais que de plus en plus, je me force à accepter le fait que, oui, parfois, pendant une après-midi je ne vais rien faire de productif. Ça ira mieux demain et personne ne s’en portera plus mal.
Sur ce, je vous laisse, je ne dois rien faire, je ne voudrais pas louper ça.

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