Globalement, même si je peux avoir des rechutes, je suis plutôt quelqu’un de positif. Et j’essaie tous les jours de m’améliorer, de moins juger, de prendre en compte que les gens autour de moi peuvent avoir un passif différent, des opinions divergentes, ou juste une mauvaise journée. Même cette dame complètement folle qui m’a crié dessus en m’accusant de rendre les gens malades pour faire fructifier l’industrie pharmaceutique parce que je courais sans masque, comme ça « dans la rue »… Ou encore ma voisine assez aigrie pour passer son temps à gueuler sur tout l’immeuble sans jamais oser le dire en face et qui va même jusqu’à arracher l’affiche mise dans le hall pour la Fête des Voisins (du coup, je n’ai jamais eu autant envie d’y aller !)
Je trouve hyper cool que de plus en plus de gens affirment leur personnalité et surtout montrent qu’ils sont comme ils ont envie d’être sans que l’avis de Madame Michu, branchée en boucle sur BFM dans son pavillon, ne puisse être un paramètre à prendre en compte. Il faut que tout le monde puisse se sentir libre d’exister sans avoir peur d’être, au minimum, jugé. Pourquoi d’ailleurs avons-nous commencé à prendre en compte à cette madame Michu ? Depuis quand ?
Mais il y a un truc qui me gêne, même si c’est sûrement une réaction de défense (à BFM…) , c’est cette bienveillance à l’extrême qui semble imposée. Alors que le monde entier se déchaîne sur Twitter et que globalement, le monde ne va pas si bien, on nous demande d’être aussi joyeux que la gamine de La Petite Maison dans La Prairie quand elle se relève de sa chute dans le générique (tout le monde voit cette scène, j’en suis certaine). Cette hypocrisie m’agace…
Que je vous raconte. Toute cette réflexion est partie d’un mail de client pour qui je devais écrire un document sur un sujet assez sérieux. (on aura noté que niveau recul par rapport à la vie professionnelle, j’ai encore des progrès à faire…) Son retour : « je trouve que le premier paragraphe est trop dans la négation ». Seriously ? Ben oui, on est dans la négation, c’est d’ailleurs tout l’objet du doc. Tu m’as demandé de montrer qu’il y avait un problème dans ton domaine d’expertise, que ce sujet n’était pas traité correctement et qu’il y avait une solution, la tienne, à tout ça.
Mais comment montrer qu’il existe du positif avec ce que tu proposes, si je ne montre pas avant qu’il y a du négatif ? C’est une simple question de contraste, de logique. Et surtout en quoi c’est grave ? On est tous des adultes, on peut affronter 2-3 négations sans qu’on doive se mettre en boule dans notre lit cabane et téter l’oreille de son chien en peluche, non ? Pourquoi cette bulle de Teletubbies ? Depuis quand les bisounours ont-ils envahi le monde ?
Moi, j’aime le négatif, en tout cas, il ne me gêne pas. J’aime lire un livre assez glauque et trouver que l’écrivain est tellement doué qu’il me fait peur rien qu’avec des mots. J’aime regarder un film qui ne soit pas une comédie musicale avec des oiseaux qui chantent pour le petit-déjeuner. J’aime voir un documentaire sur un psychopathe qui faisait jouer son réseau pour « s’approvisionner en petites filles » pour me rendre compte à quel point certains humains sont à gerber. Ça ne veut pas dire que je suis malheureuse, ou que je tue des bébés phoques les soirs de pleine lune, ça veut juste dire que je suis assez grande pour faire la part des choses.
Et puis (attention, grande philosophie en approche), comment apprécier le positif sans négatif ? Comment savoir que tu es content quand tu n’as jamais été triste ?
J’ai beau essayer d’expliquer ça (à mon fameux client ou à d’autres), je vois bien chez certains le regard d’incompréhension. Je vois dans leurs yeux « oh la pauvre, mais que lui est-il arrivé ? » Mais rien justement, je me trouve au contraire équilibrée parce que je pense comme ça. Et sache que quand tu me jettes ce regard, toi le hippie faussement défoncé, j’abandonne toutes mes résolutions de « non-jugement » et je me demande ce qu’il a bien pu t’arriver à toi pour avoir tellement besoin de vivre dans un monde où les pandas ne seraient pas que des gros ours qui dorment toute la journée en mâchouillant du bambou.
Sur ce, je vous laisse, je me suis préparée un bain de chamallows arc-en-ciel avec des licornes qui font du ukulélé.
