Je suis intolérante.
Non pas au lactose, ni au gluten, non intolérante par rapport aux autres humains. Bien sûr, pas tous, heureusement mais un certain nombre quand même. Comment en suis-je arrivée à cette conclusion catégorique ? Bien sûr, je m’en doutais depuis longtemps, je n’ai jamais eu beaucoup de patience avec des comportements qui ne me ressemblent pas.
Mais voilà, hier, alors que la radio débitait un peu de tout, du rap français s’est mis monopoliser l’espace auditif et toute mon attention. Je n’ai jamais été une grande fan du genre mais là, révélation : ça m’horripile ! J’ai l’impression que l’artiste a envie de se venger de moi, comme si j’avais fait du mal à son cochon d’Inde, comme si j’avais jeté son vieux t-shirt préféré, comme si j’avais dit que ses enfants étaient moches. En contrepartie, mon cerveau se met à m’imaginer lui remplir la bouche de cannelle pour qu’il s’étouffe, lui mettre des gifles à en avoir les paumes rouges, l’enfermer à vie dans un vestiaire de judo qui sent les pieds. Sa grammaire qui donnerait des boutons à M. Bescherelle, ses propos mi-provocateurs mi-démago (quand je comprenais), sa voix qui me donnait l’impression qu’il avait un QI égal à celui d’une méduse hydrocéphale… tout m’énervait.
Oui, j’aurais pu changer de station, couper le son ou arroser l’enceinte d’essence et y jeter une allumette mais j’ai voulu passer outre mes préjugés et essayer de comprendre. (et puis ça faisait longtemps que je voulais connaître la sensation des oreilles qui saignent). Après moult débats, la conclusion est évidente : je suis intolérante. Je n’aime pas donc j’estime que c’est nul. Et ça, sans aucune considération pour le travail de ce monsieur, ni pour l’admiration que lui portent des milliers de gens. Et donc malgré les petits conseils de Yogi Tea, je ne fais preuve d’aucune compassion, d’aucune altérité, je juge.
Ce constat durement établi, je me suis mise à penser à toutes les autres choses qui me sont insupportables. La liste est longue. Trop longue pour que je la détaille ici. Mais on peut quand même se mettre d’accord sur : les gens qui trainent les pieds si fort qu’on se dit qu’ils sont en fait payés par la ville pour nettoyer les trottoirs ; ceux qui ne savent pas manger sans faire d’horribles bruits de bouche, tellement bruyants qu’on pourrait presque entendre la salive se glisser entre leurs dents ; ceux qui disent « je t’en suis gré » ou « au jour d’aujourd’hui » mais j’ai encore plus de mal avec les personnes qui, devant tout le monde, jouent les académiciens et étalent leur savoir pour humilier l’autre tout en faisant semblant d’avoir oublié la définition de la condescendance…
On pourrait aussi parler des gens qui se plaignent en permanence et qui sont incapables de prendre la moindre initiative pour se sortir de ce qu’ils estiment être un acharnement du ciel contre leur petite personne. Je ne supporte pas ce statut autoproclamé de victime qui ne demande qu’une chose : être au centre de l’attention. Déjà quand tu penses que tout ce qui t’arrive est une volonté divine, tu as un bon potentiel de mégalomanie, mais en plus quand tu ne fais rien pour t’en sortir, tu es soit faignant soit mytho sur le fait que ça te déplait. Et dans les 2 cas, tu m’ennuies profondément. Surtout que, pour connaître, comme tout le monde, des gens à qui il est vraiment arrivé des trucs horribles et qui eux auraient toutes les raisons du monde de rester en boule sous un plaid en attendant l’apocalypse, tu sais bien que ces gens là eux, ne se plaignent pas et font preuve d’une force que même Hercule ne maitrise pas.
Je suis parfaitement intolérante aussi avec les débiles en tout genre. Alors, oui, on est tous le débile de quelqu’un et je suis assez lucide pour me rendre compte que je suis certainement le genre de personnes que de nombreux autres détestent mais c’est moi qui écris…
Attention, quand je dis « débile », je pense surtout à celui qui pourrait comprendre, faire, réussir, mais qui ne va pas essayer. Si tu n’en as pas les capacités pour x ou y raison, je ne vais pas te blâmer, je ne suis pas (complètement) un monstre. Mais quand tu mets plus d’efforts à faire croire que tu ne comprends pas plutôt qu’à essayer, ça me rend dingue ! J’ai en tête notamment un lointain stagiaire qui a préféré revenir en pleurant de la Poste parce qu’il avait pas « osé demander comment ça marchait » pour être certain qu’on ne l’enverrait plus affranchir trois colis. Lui, il est dans mon top 3 des gens qui me rendent vraiment intolérante.
Bien sûr, j’aurais pu aussi parler de mon intolérance évidente au racisme, à la misogynie, à l’homophobie, à l’antisémitisme, aux 4×4 dans Paris, mais je n’ai pas prévu de me présenter à Miss France. (mais de regarder, ça, oui !)
Alors, oui, j’ai bien conscience que l’intolérance est en train de redevenir sur le devant de la scène, que le monde est en train de devenir de plus en plus binaire et qu’on se met à détester des parties entières de la population sans prendre en compte la notion même de nuance. Qu’il faudrait donc prendre de la hauteur et accepter que son propre mode de vie ou de pensée, ne soit pas la seule voie. Etre conscient, tout au moins, qu’on peut ne pas être d’accord mais qu’il existe des gens très bien qui aiment le rap français. Accordons leur en plus une qualité supplémentaire : ils comprennent les paroles, ce sont des polyglottes !
Et comme je grandis, je gagne en sagesse. De plus en plus, j’essaie de me mettre à la place de ces gens que je juge de façon radicale et immédiate, je cherche à comprendre le raisonnement, je trouve des raisons de compatir ou je leur invente un passé qui expliquerait leurs choix. Petit à petit, ma liste d’intolérances diminue mais je sais déjà que je ne vais pas devenir Amma, l’Indienne qui prend tout le monde dans ses bras. (Je vous ai parlé de mon intolérance des odeurs ?)
Sur ce, je vous laisse, je vais continuer mon travail sur moi : j’ai mis Skyrock.

Tu as mis Skyrock et tu as réussi à survivre ? Alors là je dis chapeau !
J’ai jamais été une grande fan de rap, mais disons qu’il y a rap et rap : il y a le rap que je surnomme « éclairé », càd celui des années 90 avec de vrais textes (Iam, MC Solaar…), et le rap nul d’aujourd’hui, avec des mecs qui se contentent de débiter des litanies de gros mots et d’insanités, le tout dans un français plus qu’approximatif…
Enfin, puis-je les blâmer quand mes oreilles saignent encore d’avoir entendu il y a quelques temps en réunion « faut qu’on puisse savoir ce qu’on doit s’attendre », et ce, de la bouche d’une pseudo-rédac chef, qui je précise n’en est pas à son coup d’essai niveau « écorchage vif » du français ?
Niveau intolérance, je te rassure, tu n’es pas la seule, mais pour ma part je n’ai plus envie de faire le moindre effort pour me montrer plus intolérante envers ceux qui m’horripilent (après tout, eux, de leur côté, ne font aucun effort pour être moins horripilants….).
Bref, je baisse les bras face à la connerie humaine…
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Haha, oui, il y a certaines expressions qui font vraiment mal et de la part de gens qui se sentent « importants », c’est encore pire je trouve. Je te rassure, je n’ai pas vraiment écouté Skyrock, je n’y arrive pas. Mais je voulais surtout dire que, même si c’est certain, je n’aime pas, je peux comprendre que certains aiment. Et pour les gens vraiment horripilants, je suis d’accord, on n’est pas obligé de tous vivre ensemble 😉
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