Je ne m’étais jamais vraiment penchée sur le fait que la vie est faite de choix. Tout le temps, partout, pour tout et pour rien. Pour les choses importantes de la vie, bien sûr. Mais aussi pour plein de petits détails qui rythment les journées. On passe notre temps à faire des choix. Et quiconque est abonné à Netflix sait le temps qu’on y passe…
On mange quoi ce soir ? Thé ou café ? Laura ou Laëtitia ? Les cadeaux, on les ouvre le 24 au soir ou le 25 au matin ? Beurre ou huile d’olive dans tes pâtes ? (on est dimanche soir, évidemment qu’on mange des pâtes !) Nantes, c’est en Bretagne ou pas ? (je n’ai pas peur des sujets qui fâchent)
On le sait, on l’a tous entendu « choisir c’est renoncer » mais pourquoi devrait-on choisir ? Pourquoi il n’y a jamais un troisième choix qui serait « les 2 » ou « Aucun » ?
Je me suis notamment posé la question alors que je cherchais où m’évader quelques jours en attendant de devoir ré-étudier mon appartement de près pendant quelques semaines. Et c’est incroyable le nombre de critères que tu dois prendre en compte à chaque choix, et là, sur un sujet plutôt agréable pourtant. La météo, les activités possibles, le budget, la mer ou la montagne, le temps de trajet, les commentaires sur le sourire de la gérante, douche ou baignoire, vue sur jardin ou vue sur cour … Comment choisir devant toutes ces possibilités ? Et surtout comment être certaine de faire le bon choix ?
Et le pire quand tu es une toquée du choix c’est que tu n’as jamais moyen, après coup, de vérifier si ton choix était le bon ou pas, la machine à remonter le temps n’ayant pas encore été inventée.
Pourtant, il semble que certaines personnes réussissent à ne pas faire de choix. Et cette réflexion m’est venue lors d’une nuit passée chez ma sœur, entourée du chat ET du chien. Pas de choix, pas de team félin ou team chien, elle joue pour les 2 équipes. Et après cette nuit en leur compagnie, je comprends qu’aucun des deux ne pourrait de toutes façons remporter la bataille.
Le chien, cette boule (puante) d’affection, m’a collée dès la première minute. Mignonne parce qu’elle est contente de ne pas dormir seule (et, comble de joie, sur le canapé), elle ne veut pas te gêner au début. Tu te prends à apprécier cette dévotion et ce regard plein d’amour. Au milieu de la nuit, quand tu sursautes parce que tu as l’impression d’être endormie au dessus du chantier d’un nouveau métro, tu te rends compte que non seulement, son ronflement va te rappeler tes nuits passées contre une enceinte, en boite mais qu’elle est tellement détendue que si tu veux étendre tes jambes, il faudra littéralement lui passer sur le corps. Alors que tu la prenais pour celle qui se serait sacrifiée, son ego a repris le dessus (et la moitié de la couette).
De l’autre côté, le chat, lui, est bien décidé à ne pas s’occuper de toi de la nuit. Tu dors dans son espace, certes, mais tu n’en seras pas le centre. Et ça tombe bien, tu veux juste dormir. Tu en viens à admirer son indépendance. Donc il a tout le loisir de vivre sa vie : jouer à faire tomber sa balle dans l’escalier sous lequel tu dors (J’ai espéré que Hagrid vienne me sauver), faire le parcours de ninja warrior dans tout le salon, miauler comme un dératé parce que la lumière a changé. Malgré tout, sa curiosité l’emporte et au moment où tu ouvres un œil à la recherche de l’origine de ce nouveau bruit, tu te retrouves face à face avec 2 yeux perçants qui essaient de comprendre comment te réveiller plus, mieux, et plus vite encore.
Là où ma sœur a choisi « les 2 », j’aurais clairement dit « aucun » mais elle a réussi à ne pas choisir de camp dans un domaine où on demande pourtant souvent de choisir. Et donc de renoncer.
Je me suis alors demandée si un monde sans choix serait plus facile à vivre. Pas de question superflue, pas de doute, pas de « pile ou face » pour savoir qui débarrasse… N’oublions pas que c’était la nuit, qui plus est une nuit où je devais jongler entre les mouvements répétitifs d’un chien qui rêvait manifestement d’une ancienne vie où il faisait du foot et un chat qui travaillait sur une thèse de physique pour déterminer s’il existe un monde où il serait plus rapide qu’une balle pour descendre un escalier. J’ai donc mis quelques secondes à me rendre compte que je venais de décrire la Corée du Nord. L’absence de choix, ce serait donc une dictature.
Mais faut-il forcément être perfectionniste (je viens de gagner 10 points bonus pour avoir placé ce mot hors d’un entretien d’embauche) pour avoir déjà imaginé que ça doit être reposant parfois de ne pas avoir à choisir ? De ne pas avoir à prendre en compte tous les paramètres avant de se lancer ou pas ? De pouvoir juste dire « je vais partir à gauche » sans savoir pourquoi mais juste parce que c’est ce qu’on a envie de faire là tout de suite ?
Bref, je vais continuer à faire mes choix de façon rationnelle, sur-évaluée, et surtout en prenant en compte tous les critères imaginables. Juste parce que je choisis délibérément d’écouter toutes les petites voix dans ma tête qui me poussent à le faire.
Sur ce, je vous laisse, je dois faire mon sac pour quelques jours et je ne sais pas encore ce que je vais mettre dedans. La Corée du Nord, en cette saison, il paraît que c’est pas si mal !
