Chronique païenne

L’autre jour, avant un gros rendez-vous très important, je me suis surprise à regarder vers le ciel et à « demander » à ce que tout se passe bien. Et ne pouvant pas m’empêcher de me poser des questions sur les questions, je me suis demandée pourquoi je faisais ça.

Déjà, le geste : regarder vers le ciel. Pourquoi ? L’idée de quelque chose de plus grand que nous ou juste le simple mimétisme de ces centaines d’heures passées devant des films et des séries où les réalisateurs n’ont pas trouvé autre chose pour nous faire comprendre le besoin de spiritualité des personnages ? Ensuite, le fond : la « demande ». En quoi parler dans ta tête à quelque chose ou quelqu’un que tu n’as même pas identifié va te permettre de signer ce gros contrat ?

Ces quelques lignes auront montré, si c’était vraiment nécessaire, que je ne suis pas vraiment croyante. Il faut dire que j’ai grandi au milieu d’affirmations contradictoires : d’un côté, un grand-père pour qui « la religion est l’opium du peuple » (il a seulement repris l’idée, je ne suis pas la petite fille de Karl Marx), de l’autre côté de l’arbre généalogique, une grand-mère qui allait à l’église chaque matin, une autre grand-mère encore dont le mantra préféré était « si ça n’est pas arrivé, c’est que ça ne devait pas se faire » et enfin, des parents qui ont refusé qu’on nous asperge le front d’une eau croupie au fond d’un bénitier parce que « vous ferez votre choix quand vous serez en âge de le faire par vous-mêmes ». La grande « blague » familiale, c’était d’ailleurs « je ne suis pas superstitieuse, ça porte malheur » (je n’ai pas dit qu’on venait d’une famille de comiques non plus !)

Globalement, tout ceci m’a permis de me construire un peu en dehors de tout ce qui est spiritualité.  Je ne crois pas au destin, en un dieu ou une déesse quelconque, en les elfes ou autres gnomes, ni au pouvoir des arbres et autres divinités à califourchon sur un balai. En revanche, je n’ai aucun mal à comprendre que ça puisse aider certaines personnes, chacun trouve ce qu’il veut pour se sentir mieux. (ceci n’est pas une incitation à l’alcoolisme !)

Ça va même plus loin : j’ai besoin de maîtriser. Et la spiritualité quelle qu’elle soit, ça me donne surtout l’impression de pouvoir se défausser si jamais ça ne marche pas. Le rationnel, le tangible, la science, voilà des concepts auxquels je crois. Le fait que tes ambitions ne dépendent que de toi et de ton travail, ça j’y crois. Après, soyons réalistes, il y a aussi plein de choses que tu ne maîtrises pas : les choix et les réactions des autres humains, la météo, les maladies, les bouchons sur le périph, le contexte économique, l’endroit où les boutons vont décider d’éclore sur ton visage…

C’est pour ça aussi que j’ai décidé de ne pas complètement exploser de rire quand l’ostéopathe m’a dit « vous êtes vraiment tendue, vous devriez vous détendre » (en termes de conseils qui enfoncent des portes ouvertes, on était pas loin du bélier utilisé par la police mais sur une porte de saloon). « Vous devriez essayer la cohérence cardiaque, j’ai une appli super pour ça. » Globalement, il s’agit de se poser 5 minutes pour inspirer et expirer. Alors, oui, ma bienséance a pris le pas sur ma rationalité et je me suis entendue répondre  «merci Docteur, je vais faire ça » quand mon cerveau lui hurlait dessus : « Quoi ? ton conseil c’est de…respirer ? Et tu t’étonnes qu’on ne prenne pas les ostéo pour des médecins ? »

Et puis, alors que Netflix a manifestement subi le lobby de l’ostéopathie et me proposait une série sur l’art de la méditation, je me suis dit que j’allais essayer. Le but, c’est vraiment de ne rien faire d’autre qu’inspirer pendant 5 secondes et expirer pendant les 5 suivantes. Et recommencer. Il paraît que ça aide à déstresser et, au bout d’une certaine pratique, à mieux réfléchir, à mieux contrôler ton anxiété et même tout ton cerveau. Et forcément, quand on me parle de meilleur contrôle, là, j’écoute.

Donc j’ai essayé. Assise, les yeux fermés, j’ai… respiré. Et j’ai essayé de ne penser à rien d’autre. Sauf que, ne penser à rien, ce n’est pas si simple et tu penses surtout à ne pas penser donc tu penses. Et tu passes ton temps à essayer de ne pas sortir du chemin de vide sur lequel tu es censé rouler. C’est bien simple, j’avais l’impression de jouer à un jeu de voiture sur console et de passer mon temps hors de la route (ce qui est en fait exactement ce qui se passe les 3 fois par an où je joue à la console).

Mais l’objectif est là : le contrôle sur le cerveau, donc le nec plus ultra de la rationalité et ça, ça me plait. Oui, c’est un peu perché (rappelons-nous qu’on doit juste s’asseoir et … respirer) mais je n’ai pas à lever les yeux vers le ciel, réciter des poèmes qui ne riment même pas ou encore brûler des herbes dans le sens des aiguilles d’une montre.

Bref, niveau spiritualité j’ai encore des étapes à franchir mais je suis sur la bonne voie pour laisser des choses que je ne maîtrise pas avoir un impact sur ma vie.

Sur ce, je vous laisse, je dois aménager mon appart selon les règles du feng-shui. Et n’oubliez pas de respirer !

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