Chronique nostalgique

Cette semaine, j’ai reçu l’album photo que j’avais fait faire sur nos vacances de 2018. Oui, il était temps, je sais, et il faut dire qu’en ce moment, du temps, j’en ai… Bref, après avoir regardé dans le détail si l’impression était assez quali, si les photos rendaient aussi bien sur un livre que sur un écran, déformation professionnelle oblige, je me suis mise à repenser à ces vacances. Le soleil qui réchauffe brûle ma peau, le sable de la plage qui s’insinue partout, la découverte d’un endroit que je ne connaissais pas, les poissons grillés dégustés dans tous les restaurants, les galères de mon pilote avec la voiture de Oui-Oui pour grimper jusqu’à notre refuge (et mon soulagement de ne pas avoir le droit de la conduire selon le contrat de loc) … Tout ça dans un état mi-béat de ces charmants épisodes, mi-triste qu’ils soient derrière nous. La définition même de la nostalgie (le sentiment, pas la station de radio).  Avec l’impression que mon visage ne sachant pas quel sentiment choisir ressemblait à celui de quelqu’un qui a le soleil dans les yeux pour une photo.

Je me suis rendue compte qu’en ce moment, la nostalgie était partout. De base, déjà, il est difficile de ne pas se laisser entraîner de temps en temps vers des souvenirs de moments agréables vécus avec des amis qu’on ne voit plus beaucoup ou vers des vacances qu’on s’est offert après en avoir rêvé pendant longtemps. Mais là, le contexte fait que le présent ne peut même pas te faire passer à autre chose, comme on balaierait d’un coup de coude des miettes sur la table. Là, tu es chez toi, Nostalgie à fond, et tu ne peux que repenser à ce qui était bien et qui te manque.

Et tout est fait pour que tu n’en sortes pas. Mon téléphone, par exemple, me montre chaque matin des photos du même jour il y a 3, 4, 5 ou 6 ans. Sans que je ne lui aie rien demandé ! Il a décidé tout seul qu’il fallait me mettre dès le réveil la pression sur la façon dont ma journée devrait se dérouler. Tu as décidé de rester chez toi devant une rediff de Joséphine Ange Gardien avec un plat de pâtes ? Rappelle-toi juste qu’il y a 2 ans, tu étais sur le point de grimper dans le plus haut gratte-ciel de Chicago ou même juste en train de finir un événement de dingue dans la suite d’un palace parisien avec vue sur la Tour Eiffel.

J’ai même découvert aujourd’hui que, non content de me mettre la pression chaque matin, il fait de lui-même de petites vidéos par thème : les portraits, les week-ends du printemps, les soirées au resto… Comme pour me montrer que je n’ai pas vraiment à être fière du fait que j’ai fait un album quand 15 autres sont en suspend (oui, mais je voulais voir la qualité du rendu avant ! ).

Mais, manifestement, je ne dois pas être la seule à être nostalgique. Il suffit de voir le succès du retour de ce qui a marqué nos adolescences. Ça marche pour tous les âges : quand nos parents ont droit aux biopics sur Queen ou Elton John, nous, on nous sert du Dawson et du Friends sur Netflix, ou du Aladin de Disney à la télé un jour férié. Et ça marche. Je ne voulais pas céder, je voulais me prouver que ma vie maintenant est, malgré le contexte, bien plus aboutie que celle que j’avais quand j’avais l’âge normal pour regarder ces trucs là (sauf Friends, il n’y a pas d’âge pour regarder Friends !). Et puis aujourd’hui, je suis à 6 épisodes de la fin de Dawson… OK, je ne peux pas aller au resto, au ciné, en week-end ou même, folie, en vacances, mais est-ce une raison pour se replonger dans 6 saisons de pleurnicheries adolescentes, d’intrigues mal ficelées, de drames surcotés ? Et là où je vois vraiment cette nostalgie ambiante, c’est que je ne suis pas la seule à me dire que c’est un plaisir coupable. Je suis bien plus vite agacée par les hésitations de Joey sur Pacey ou Dawson (Pacey, évidemment !), bien moins amusée par les frasques d’Audrey mais ça me fait penser à ce moment de ma vie où je (croyais que) je vivais la même chose. (oui « croyais » parce que personne de 16 ans ne parle comme ça, ni n’a une voiture qui vaut 2 m2 parisiens en cadeau pour avoir réussi un examen qui consiste en un QCM) 

Pourtant, je continue de regarder et je repense à mes soirées étudiantes et même au simple fait d’aller dans un bar, avec de la musique, de la vie autour, des gens que je ne connais pas qui m’ennuient parce qu’ils parlent trop fort… J’aimerais promettre que dès que les bars rouvriront, je ne m’énerverai plus sur ce groupe de débiles qui parlent comme s’ils étaient seuls, mais je me connais et je n’ai pas envie de briser une promesse. Nostalgie…

Mais finalement, a-t-on vraiment envie d’en sortir ? Est-si grave de repenser aux bons moments passés ? Evidemment, là, on n’a pas vraiment le choix mais, même en règle générale, dans la vie « normale », je ne crois pas que ce soit si triste. Ça fait plaisir de se retourner et de voir que jusqu’ici, tu t’es bien amusé. A partir du moment où ça ne régit pas ta vie.

Parce que, oui, on a tous cet ami qui pense encore, à 35 ans, que la vie c’est de boire des bières dans un bar miteux « parce que c’est la moins chère de Paris » tous les vendredis soirs. Nostalgie oblige, tu y vas de temps en temps et tu passes un bon moment. Mais tu sais au fond de toi que ces bons moments-là, les originaux, sont bel et bien passés et qu’aujourd’hui, tu fais partie de ces gens qui préfèrent boire un bon verre de rouge. Ça marche pour les bars, mais aussi les vacances où tu as arrêté de prendre l’hôtel le moins cher parce que tu en as marre de ne pas pouvoir ouvrir ta fenêtre à cause du bruit de l’autoroute.

La nostalgie, finalement, je la vois plus comme une espèce de bilan (que j’ai la chance d’avoir positif jusque là) qui te permet de te dire que tu peux continuer à avancer et de te créer de bons souvenirs. Alors, oui, l’actualité fait qu’elle est un plus présente en ce moment, mais ça va bien finir par revenir un peu à la normale. Et puis on pourra aller boire un bon Bourgogne avec des copines pour discuter de la fin de Dawson…

Sur ce, je vous laisse, j’ai l’album photo de l’été 2003 à finir…

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