Il y a quelques jours, à un carrefour entre la gare et mon bureau, j’entends le bruit d’une altercation. Comme toute personne normalement constituée, je traîne un peu la patte pour regarder sans en avoir l’air. Dans le fond, on s’en fout un peu de ce qui se passe entre ces 2 personnes qui ont décidé que leur ego valait bien que la circulation soit bloquée un vendredi matin mais les potins, c’est un peu ce qui pimente les discussions de machine à café. Bref, mon oreille qui traine entend qu’il s’agit d’un livreur et d’un taxi, soit les pires catégories d’automobilistes à Paris. Je n’ai pas eu le fin mot de l’histoire parce que, même lentement, je marchais quand même pour aller au bureau. Mais, spoiler alert, je sais que leurs points communs, comme la haine du code de la route, des autres usagers ou d’Hidalgo, ne les ont pas aidés à résoudre leurs différends.
Au moment où je me disais que ces deux-là commençaient mal leur journée mais que ça devait être habituel dans leur métier, dès que quelqu’un devant eux s’arrête au feu orange par exemple, j’ai entendu un piéton vociférer contre des cyclistes. Je crois qu’en quelques minutes, mes congénères parisiens ont battu le record du nombre de « Connard » lancés à de parfaits inconnus. Il était à peine 9h du matin (donc tôt pour quelqu’un qui fait de la comm° à Paris) et déjà, ces gens étaient énervés. Qu’allait donner le reste de leur journée ? Et surtout, n’allaient-ils pas répercuter leur agacement sur leurs collègues, leurs clients, leurs partenaires… ? Est-ce qu’à cause d’une traversée de piéton un peu trop audacieuse, ce cycliste n’allait pas se fermer comme une huitre lors d’une négociation importante, faire foirer un dossier sur lequel il bossait depuis des semaines, puis petit à petit, perdre confiance en lui, perdre la confiance de ses boss pour finir par se faire virer ? Tout ça à cause de Jacqueline qui a voulu traverser en dehors des clous pour arriver plus vite à la boulangerie à cause de l’odeur de croissants qui flottait ?
Pourtant, question tensions, je m’y connais. Il faut dire que mon ostéo passe son temps à me dire qu’il faut que je me détende. (« Si je te dis t’es tendue, t’es tendue !! C’est pas à toi de dire je ne suis pas tendue !! Je te dis t’es tendue Natacha c’est tout ! Alors tu me dis oui Claudy, c’est vrai je suis tendue, je ne suis pas à mon aise. » les vrais auront la réf !). Moi j’ai l’impression d’être détendue, mais lui passe son temps à me dire de relâcher les épaules, la tête… Et de fait, si j’y réfléchis, j’ai effectivement toujours les muscles un peu tendus, les mâchoires un peu serrées et les sourcils froncés. Pour me relaxer, il faut que je me force (et oui, j’ai conscience de l’absurdité de la chose). Néanmoins, je n’ai pas l’impression que je sois quelqu’un d’énervé sur les autres, la plupart du temps. En voiture, bien sûr que je peux pousser un petit « Morue » de temps en temps mais pas de là à bloquer un rond-point parce que le mec devant moi n’a pas mis son clignotant. Mes tensions, manifestement, je les garde pour moi, mes cervicales et les gens qui ne sont pas directement concernés et avec qui je me sens en confiance pour m’épancher.
Alors, comment réagir si la personne en face de toi dans l’open-space est de si mauvaise humeur, que tu crains que le bruit de ta respiration lui rappelle à quel point elle, elle n’a pas eu le temps de respirer avant que cet abruti de la compta lui saute dessus ce matin pour lui dire qu’elle n’avait pas scanné toutes ses notes de frais ? Si l’énervement est aussi contagieux que les poux dans une classe de petits hippies, comment être celui qui bloquera tout ? Ne pas prendre en compte l’agacement de Brigitte et refuser d’écouter ses histoires d’ascenseur ? Essayer de la faire relativiser en lui disant qu’elle pourrait tout aussi bien ne pas avoir d’ascenseur et devoir grimper dans sa tour à pied ? Lui glisser subtilement un flyer pour un nouveau cours de yoga ? Ou de boxe ? L’ignorer ? Etre encore plus vener qu’elle ? La prendre dans tes bras et lui faire un câlin (en essayant de ne pas penser à l’éventualité qu’elle ait des poux…) ?
Pas sûre qu’une de ces solutions fonctionne. Encore plus si cette personne qui te refile sa petite boule de colère (« oh non, la boule noire… » là aussi, les vrais, la réf, tout ça…) est un parfait étranger, croisé sur une piste cyclable.

J’adore!! Bravo… 👍🏼😂😘😘
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Merci 😘
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