Que ceux qui n’arrivent pas à lâcher prise lèvent la main ? Je lèverais bien les deux mais le vaccin m’en empêche !
Le lâcher-prise est un gros sujet chez moi et il était temps que je l’aborde. Même si je pense qu’il ne faut pas être le Mentalist pour arriver à le déceler dans les chroniques précédentes… Je ne sais pas d’où ça vient, ce besoin de tout contrôler, de vouloir que tout soit fait comme je le fais, moi. Mais difficile de m’en défaire… Et ça touche en plus tous les domaines de ma vie.
Bien évidemment, dans le boulot, c’est assez flagrant. Ça doit faire 10 ans que mon objectif de l’année à venir, c’est « apprendre à déléguer ». Non pas que je n’ai pas confiance et j’ai la chance d’être très bien entourée mais si les colonnes de ce tableau excel que personne ne relira dans 3 semaines ne sont pas remplies comme moi je l’aurais fait, ce sera forcément moins bien. Attention, ce n’est pas de la prétention (pas mon genre) mais je ne sais pas, j’ai besoin de savoir que ça a été fait comme ce que moi j’aurais fait. Et pourtant, je suis cette nana qui dit aux autres, en le pensant sincèrement « doucement, on ne sauve pas des vies. Si tu l’envoies demain ton mail, ça ne changera pas le sens de rotation de la terre. » Phrase que je trouve évidemment insupportable quand elle m’est destinée. Evidemment que ça ne va rien changer mais moi, dans ma petite tête de control-freak, je sais que j’aurais fait correctement mon boulot jusqu’au bout.
Ça empiète aussi sur plein d’autres domaines, aussi insignifiants soient-ils.
Par exemple, en voiture. Si ce n’est pas moi qui conduis, je vais évidemment trouver que tu conduis vite ou pas prudemment. Mais ça doit être familial : j’ai fait ma conduite accompagnée avec quelqu’un (que je ne nommerai pas, par respect) qui freinait de toutes ses forces sur le sol devant la place passager… Mais, en voiture, c’est bien connu : tous les autres roulent mal. Un peu comme celui qui pense qu’il n’y a pas une voiture à contre-sens sur l’autoroute, mais toutes les autres !
Parlons aussi du rangement, de l’organisation. La vie à deux te force à revoir tes façons de faire. Et à prendre du recul. Ce n’est pas parce que le lave-vaisselle n’est pas rangé comme toi tu le ferais ou que l’aspirateur n’est pas passé dans le même sens que toi que c’est mal fait. En vivant à deux, tu te rends compte que les choses peuvent être faites sans que ce soit sur ton modèle. Et il faut apprendre à te dire que ce n’est pas si grave si le torchon pour les mains est à côté de l’évier et pas sur la poignée du four.
Un vêtement qui ne tombe pas comme il devrait, un pli que le fer à repasser n’arrive pas à éliminer, un vernis à ongles qui s’écaille au bout de 2 jours alors que tu n’es même pas chez toi pour le retoucher, un collant qui se file LE jour où tu n’en as pas un de rechange dans ton sac (oui, évidemment que j’ai toujours un collant de rechange, je vous ai dit que je contrôlais tout )… tout ça, et le reste, a tendance à m’agacer fortement.
Ça marche aussi sur des sujets qui ne concernent que moi. La santé par exemple. Quand mon corps faiblit ou que j’ai la crève, pas question pour mon esprit borné de capituler. Tel un jedi, je m’imagine que mon cerveau peut être plus fort et passer outre. Mais l’otite de 3 semaines d’il y a deux ans m’a montré qu’on ne m’appellerait pas Yoda de si tôt…
Et pourtant, je sais que ce n’est pas si grave, que j’ai le droit de ne pas tout contrôler, que même si je le pouvais, je ne le pourrais pas, que ça ne va pas changer ma vie. Que d’aucuns diraient même qu’il « n’y a pas mort d’homme ». J’ai déjà parlé de cette expression mais là, elle mérite qu’on s’y attarde. C’est la seule chose grave dans la vie ? La mort ? Alors, oui, c’est le plus définitif mais quand même, le temps passé à rattraper une erreur, quelqu’un qui est vexé ou déçu parce qu’il comptait sur toi et que tu as failli à ta mission, le fait de savoir au fond de toi que tu as bâclé un dossier quand tu aurais pu faire bien mieux, c’est terrible… Pas autant que la mort de quelqu’un, bien sûr, mais si on peut s’éviter ce genre de tracasseries en faisant le mieux possible dès le début, c’est mieux, non ?
Bref, je pensais qu’en grandissant, j’y arriverais un peu plus, que c’était ça la maturité. Mais il faut croire que ce domaine-là, je ne le contrôle pas non plus. Me détendre, ne rien faire, ou même profiter d’un massage ne sont pas encore dans mes cordes.
Sur ce, je vous laisse, je dois aller vérifier que la to-do list du week-end a bien été complétée.

Un avis sur « Lâcher-prise chronique »