J’ai peur de nombreuses choses. Des peurs partagées par un grand nombre, des peurs ponctuelles, des qui datent et qui durent…
Déjà, comme tout le monde je pense, je crains les élections qui arrivent et surtout des débats pathétiques auxquels on va devoir assister quand on aimerait plutôt parler de fond. J’ai peur que la planète brûle plus vite que prévu et qu’on ne trouve pas de solution. J’ai peur de la maladie et de la mort mais, égoïstement, plus de celles de mes proches que des miennes. Voilà, après cette intro digne d’un single de Mylène Farmer, on peut passer aux angoisses un peu plus drôles et qui ont engendré l’envie de cette chronique.
J’ai réalisé que j’avais des phobies chelous en postant mon courrier : je ne sais pas d’où ça me vient, mais dès que je mets une lettre dans une boîte, je ne peux pas m’empêcher de penser qu’elle pourrait brûler dans la nuit et donc que mon courrier n’arriverait jamais. Pourquoi ? Aucune idée. On parle de buisson ardent, pas de boite aux lettres ! Quand on parle de vandalisme, on pense aux poubelles brulées ou même, dans les pires cas, de voitures mais jamais de boites aux lettres. (J’espère que cette chronique n’en donnera pas l’idée à quelqu’un d’ailleurs…) Je suis capable de ne pas poster une lettre parce que la boite me paraît peu sûre (ne me demandez pas, je ne sais pas comment je le détermine mais, oui, il y a des boîtes qui ont plus l’air de pouvoir brûler que d’autres). Et puis, ce n’est pas comme si je passais mon temps à envoyer des lettres, mais je ne sais pas, ça m’angoisse. Et ce depuis longtemps…
Mais pas aussi longtemps que les pigeons. Oui, j’ai peur des pigeons. Je déteste cette bestiole. Cet œil vitreux, ce cou capable de tourner à des angles improbables pour te suivre du regard, cet air effronté quand il reste sur le trottoir où tu passes et que c’est à toi de te décaler alors que, dans la chaine alimentaire, il te doit le respect. (On n’a jamais vu de pigeon manger de l’humain avec des petits pois) Et plus ça va, plus cette peur des pigeons se transfère à tous ses congénères ailés (sauf les taureaux. oui, j’étais obligée). Je n’aime pas les oiseaux en général. Mais les autres ne me font pas peur, juste, je ne les porte juste pas dans mon cœur. Les pigeons, eux, me donnent l’impression qu’ils pourraient me foncer dessus et me picorer les yeux avec leur petit bec sale. Et choper le tétanos ou la rage en perdant en plus un œil n’est pas un de mes objectifs de vie !
Remarque, en parlant d’oiseaux, j’avais vu qu’il existait des gens qui souffraient d’anatidaephobie, soit la peur d’être constamment observé par un canard. Oui, ça existe. Et je ne peux pas me moquer, j’ai bien peur que mon courrier s’enflamme, mais je me demande comment ça se manifeste au quotidien. Est-ce que tu te promènes en permanence avec des bouts de pain pour les jeter au loin et avoir un peu d’intimité ?
Mais peut-être que les phobies naissent progressivement, à n’importe quel moment de la vie. Par exemple, de plus en plus, je demande que l’ordinateur qui est dans notre chambre soit éteint ou tout du moins que la webcam soit « obstruée ». Je ne pense pas que ma vie soit si intéressante qu’on ait envie d’hacker ma webcam pour me voir passer 30 minutes sur mon téléphone avant de dormir mais il faut qu’elle soit éteinte. Mais ça, à la limite, si tu regardes des séries type Mr Robot, tu comprends d’où ça vient. Quelqu’un pourrait-il, en revanche, m’expliquer pourquoi 3 nuits de suite, je me suis demandé si le tableau accroché au-dessus de mon lit depuis 2 ans maintenant, n’allait pas me tomber sur le nez dans la nuit ? Avec toutes les angoisses nocturnes que ça induit : le tableau ne se contenterait pas de tomber, non. Il tomberait l’angle le premier direct dans mon œil (décidément entre les pigeons et le tableau…) me défigurant et me rendant borgne dans l’instant. La 4eme nuit, j’ai donc décroché le tableau !
Bref, entre tout ça, ma peur chronique d’être en retard, celle de décevoir, de me tromper dans le choix de ma coupe de cheveux, de ne pas trouver de place dans ma rue quand je rentre tard le soir, et tout le reste, autant vous dire que je surveille de très près la naissance éventuelle d’un ulcère.
Sur ce, je vous laisse, je dois éteindre mon ordi, j’ai l’impression qu’un canard a piraté ma webcam !
